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saint François d'Assise, une esquisse hagiographique (IX)

par sylvain

publié dans biographie , françoisdassise , histoire , religion

Sainte Claire, disciple très pieuse de la croix du Christ et noble plante de Messire saint François, était d'une telle sainteté que, non seulement les évêques et les cardinaux, mais même le pape désiraient avec grande affection la voir et l'entendre, et la visitaient souvent en personne.

(Fioretti)

 

 Il est un autre passage charmant de la vie de saint François qui mérite notre attention. Il s'agit de la fondation de l'Ordre des Pauvres-Dames, branche féminine de l'Ordre des Mineurs. Ses religieuses en sont autrement mieux connues sous le nom de clarisses. Elles tirent ce nom de sainte Claire qui était d'Assise comme François.

Comment peut-on dire qu'il s'agit d'une émanation franciscaine ? Tout simplement parce que Claire (Chiara en italien) fut convertie par la prédication de François, et qu'elle voulut se désigner elle même comme « petite plante du bienheureux Père François ». Elle n'était pas de la bourgeoisie marchande, mais de la noblesse. Son père se nommait Faverone di Offreduccio, sa mère Ortolana. Celle-ci éleva ses cinq enfants dans la ferveur pour le culte, la pénitence qui réprime les passions désordonnées et l'amour des pauvres. Claire ne voulait pas se marier, elle refusa avec la dernière énergie dès ses douze ans les offres avantageuses qui lui étaient faites. Plus tard alors que sa mère la pressait de questions – Claire avait alors dix-sept ans – la jeune fille avoua qu'elle ne voudrait et ne pourrait jamais contracter mariage pour la bonne raison qu' elle était déjà consacrée à Dieu par un vœu privé...
C'est cette même année 1210 que Claire entendit la prédication de François en l'église Saint-Georges d'Assise et elle en fut bouleversée, reconnaissant dans la parole de François la voix de Dieu. Elle chercha dès lors à le consulter, et quand elle put enfin le voir, Claire déclara à François que son idéal de pauvreté évangélique l'avait conquise. Elle voulait, elle aussi, vivre selon l'Evangile, dans le pur amour de la pauvreté de son Jésus ! (Mgr Cristiani, Saint François d'Assise).

François convaincu de la vocation de Claire, en parla à son évêque. Il faut rappeler qu'à ce moment là, François était dans les faveurs des autorités, puisqu'il revenait de son voyage à Rome où il avait reçu une approbation d'Innocent III lui permettant notamment de prêcher dans les églises et continuer à agrandir l'embryon d'ordre religieux déjà constitué. L'autorisation donnée par son évêque pour recevoir Claire en religion acquise, il la convoqua à la Chapelle de la Portioncule pour le 27 Mars 1211, Dimanche des Rameaux, au soir, pour la prise d'habit. Alors ce jour-là, agenouillée devant l'image vénéree de la Vierge, dans la petite chapelle, Claire prononça les serments qui la détachaient du monde « par amour, disait-elle, pour le très saint et très cher Enfant enveloppé de pauvres langes et couché dans la Crèche »(idem.), c'est à dire les trois vœux de religion. Existait dès lors l'Ordre des Pauvres-Dames dont elle était encore l'unique membre.

Installée dans un premier temps dans un couvent de bénédictines voisin, elle y fut rejoint par une première recrue, sœur Agnès... qui se trouvait être une de ses sœur selon la chair ! Puis ce fut une troisième de la fratrie, Béatrix, qui les rejoignit. Tout cela mécontenta fortement un oncle, qui se concevait comme chef de la famille, et les débuts de l'Ordre en furent bien mouvementés. Notamment lorsqu'il envoya douze hommes saisire Claire et Agnès dans leur couvent, et que par miracle, ils furent sur place comme frappés d'impuissance, et ne purent les enlever de ce lieu.

Enfin les Pauvres-Dames purent s'établir dans un lieu à elles, Saint-Damien. On ne sait à quelle date, sa mère même la rejoignit, devenant sœur Ortolana.

Sainte Claire, voulait suivre l'Evangile à la lettre, dans sa violence et sa pureté. François voulut bien lui concevoir une Règle dans cet esprit qui était le sien. Plusieurs moutures furent nécessaires. Un épisode majeur de l'établissement de cette Régle, fut l'insistance avec laquelle Claire requeta ce qu'elle nommait « le privilège de la Pauvreté » auprès d'Innocent III. Mgr Cristiani précise : Elle entendait par là le droit canonique de ne posséder, au couvent et dans tout l'Ordre, ni propriété ni rentes. Si l'on a parfois contesté cette concession de la part du pape, la chose ne fait plus de doute depuis les récentes études. En 1215, sainte Claire reçu le titre d'Abbesse, selon les volontés du Concile de Latran IV.

Le cardinal Hugolin, puis devenu Gregoire IX, pressait Claire d'abandonner l'idée du « privilège de pauvreté » mais elle lui répondait toujours : « Saint-Père, déliez-moi de mes péchés, mais non point de l'obligation de suivre Notre-Seigneur Jésus-Christ ».Du pape et de la sainte, c'est la sainte qui gagna ce pieux bras de fer, et le privilège fut établi par un document daté du 17 Septembre 1228 qui renouvelait l'autorisation d'Innocent III.

Claire fut parmi les plus beaux fruit de saint François. Elle fonda un ordre contemplatif où la pauvreté était d'une très grande importance, car elle y voyait le moyen d'imiter Notre-Seigneur et de se détacher du monde. Sa spiritualité était, on l'aurait deviné, tournée vers Jésus-Christ dans sa plus grande pauvreté humaine, c'est à dire Jésus-Christ crucifié. Mais aussi bien sur envers Jésus au Saint-Sacrement, où il se fait notre prochain le plus fragile, le plus petit d'entre nous, caché sous l'espèce du Pain, nourriture du pauvre.

Enfin cette partie de l'histoire de saint François est remarquable par la haute amitié qui unie ces deux âmes, comparable à celle de saint Benoît et de sa sœur sainte Scholastique. Voici comment Chesterton conclut son propos au sujet de sainte Claire :

Pour parler de cette homme et de cette femme [saint François et sainte Claire], je ne vois pas de meilleur symbole que celui de l'incendie de la maison de Claire tel que la légende populaire le rapporte. Une belle nuit les habitants d'Assise, croyant voir la maison de la sainte en flammes, se précipitèrent pour combattre le feu. Mais ils trouvèrent tout en paix et ne virent que saint François et sainte Claire, rompant le pain et devisant des choses de Dieu, pour une fois réunis. Il n'y a pas d'image plus saisissante de leur passion virginale et désintéressée, que cette colline flamboyante qui les entoure, que cette flamme qui s'alimente de rien, que cet air lui-même en feu.

 

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